Le Caire: les zabbalines
Bonjour,
Pour des raisons administratives,
nous avons du nous rendre au Caire
et en avons profité pour jouer les touristes.
Nous nous sommes rendus
au monastère de St Simon à Mokattam
qui fera l'objet d'un autre article
mais pour y accéder nous avons du traverser
le quartier des zabbalines.
Il s'agit des chiffonniers du Caire, ou zabbalines en arabe,
mis en lumière par sœur Emmanuelle.
Tout d'abord, un petit cours d'histoire afin de situer
ces « intouchables » égyptiens.
Au milieu des années 50,
poussés par l'extrême misère qui régnait en Haute et Basse-Egypte,
des paysans quittèrent leurs terres pour venir s'installer
dans un quartier est du Caire, Imbaba.
Ces déracinés, chrétiens coptes pour une très grande majorité,
se dirigèrent vers les décharges afin de trouver
la nourriture nécessaire pour leurs porcs, chèvres et ânes.
Dispersés par les autorités à la fin des années 50,
ils s'implantèrent dans six quartiers à la périphérie du Caire.
Une parti d'entre eux est désormais au Muqattam
Des abris de fortune logent et servent d'ateliers
aux familles de zabbalines.
Certaines sont installées là depuis le début des années 60.
Le périmètre du bidonville est ceinturé par des
habitations en "dur"
occupées par certains chiffonniers.
Les dispensaires, l'école et le centre social
fondés par sœur Emmanuelle
dans les années 80 sont là, au cœur du quartier.
La journée d'un zabbaline commence très tôt.
Dès 4 h du matin, les pères et leurs garçons partent sur des chariots
tirés par deux ou trois ânes vers les quartiers du Grand Caire :
Héliopolis, Madinet Nasr, Matariyya...
qui leur ont été attribués par les wahiyah
(personne qui détient le monopole du ramassage des ordures).
Quelques chiffonniers se sont unis dans l'achat de pick-up,
car les autorités essaient constamment d'interdire
le ramassage des ordures par les charrettes à ânes.
Que deviendrait une mégalopole de plus de 15 millions d'habitants
si du jour au lendemain il n'y avait plus de ramassage de ses poubelles ?
Les déchets ainsi collectés sont déposés devant les habitations.
Leur part de travail terminée,
les hommes se retrouvent dans quelques "coffee-shops"
du bidonville pour boire et fumer le narghilé
pendant d'interminables parties de dominos.
Pendant ce temps, femmes et enfants s'éreintent au tri des ordures.
Le tri, effectué à la main, consiste à récupérer
tout ce qui peut être recyclé ou qui servaient à nourrir les cochons
ce qui n'est plus le cas depuis 2009 en raison de la grippe porcine
qui obligea les zabbalines à renoncer à l'élevage de porcs
Ainsi, plus de 93 % des déchets vont être réemployés :
les os pour la fabrication de colle et peinture,
les cartons et papiers vont être recyclés,
les verres et certains plastiques seront refondus.
Seuls certains sacs plastique et les couches-culottes
ne peuvent être recyclés.
Chaque jour, environ 5 tonnes de plastiques sont brûlées.
Les fumées noires et odorantes montent
vers le ciel d'Ezbet El Nakhltandis
que des particules particulièrement polluantes
retombent sur les habitations du site.
Ces retombées seraient à l'origine de nombreux
problèmes pulmonaires
chez les enfants et certains adultes.
Souce: les Inrocks
Nous avons croisés de nombreux camions
chargés de récupérations précises
l'un ne transportait que des choses concernant
les télés et matériels électronique,
un autre avec uniquement des cartons
soigneusement pliés etc etc ! !
Je ne peux que vous encourager à aller visiter
le monastère de St Simon qui vous obligera à passer
par le quartier des zabbalines.
Ce parcours m'a vraiment fait réfléchir sur la condition humaine:
Ces gens sont des personnes fières et fortes
et d'une gentillesse sans limite !
Je pense qu'il faudrait montrer cet endroit qui
fait partie intégrante de la vie des cairotes
qui devraient leur être reconnaissants.
Pensez y la prochaine fois que vous demanderez
à votre "bawab" ( concierge)
de jeter vos poubelles .
De cet endroit vous pourrez contempler l'œuvre du tunisien
eL Seed qui peint des messages de paix en calligraphie arabe
sur les murs du monde
Et pour plus de détails merci de cliquer ici !
Merci de vos passages et à tout soudain ! !
Merci pour ce bel article très émouvant. Ces pauvres gens travaillent beaucoup pour peu d'apport. Bisous et bonne journée.
RépondreSupprimerPour aller au monastère, j'ai dû bien-sûr traverser ce quartier. Cette découverte m'a stupéfiée. J'éprouve le plus grand respect pour ces personnes, femmes et jeunes filles qui trient les ordures dans la cour de leur maison,qui effectuent ce travail si ingrat pour le bien de la communauté. L'odeur pestilentielle qui y règne est presque insupportable. La plupart des Cairotes ne connaissent pas ce quartier. Merci à Soeur Emmanuelle d'avoir redonné à ces habitants un peu de dignité ! Un tri pour le recyclage s'est organisé. Certaines familles sont sorties de la misère, mais à quel prix... quant aux autres... c'est indicible !
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