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dimanche 28 juillet 2019

Les transports du 19e siècle en Egypte : Calèches et « Suarès »



Bonjour,

Aujourd'hui je vais vous présenter un superbe article émanant 
du progrès égyptien.


 Un véhicule hippomobile Suarès

"Si, au cours d’une promenade au Caire, vous souhaitez faire un saut dans le passé, 
imaginez des rues sans encombrements et une circulation fluide, 
prenez donc le chemin de la corniche.
 A proximité de l’imposante tour du Caire, des têtes de cheval surveillent,impassibles, la foule. 
 Ces superbes équidés vous attendent pour vous emmener en promenade
 le long de la corniche du Nil.
 Vous êtes sur le point de découvrir comment on se déplaçait autrefois dans la capitale,
 non pas en taxi, métro, autobus ni autres engins pétaradants, mais… en calèches !


Transportant le passager dans une époque au mode de vie raffiné, ces calèches étaient 
 tirées par un attelage de chevaux (deux, quatre, six ou parfois huit comme celui offert
 au khédive Ismaïl par l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie) 
et guidées par un « qamshagy »
 dont le rôle était d’éloigner les passants.

Depuis 1894 vers la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 20 du siècle précédent,
 le gouvernement égyptien devait promulguer une liste des véhicules de transport.
 Celle-ci comportait évidemment les calèches, ces véhicules hippomobiles, qui roulaient 
 dans la capitale et les provinces malgré l’existence du tramway en 1896 et 
de l’automobile en 1908, décrit par la presse à l’époque 
comme étant bruyant et effrayant !

Dans les années 1901, 1918 et 1928, il existait une liste des véhicules qui circulaient 
dans les rues de la capitale. Cette liste était publiée dans le Journal Officiel. 
Il existait aussi des règles spécifiques auxquelles devaient se conformer les omnibus, 
les calèches qui stationnaient devant les hôtels ou qui transportaient les gens depuis leur maison, 
ou encore ce qu’on appelait « suarès » en arabe. Le « suarès » était un type de calèche
 formée d’une énorme planche de bois de couleur grise, tirée par des mulets. 
 Ce type de calèche roulant sur les rails, un peu modeste, servait au transport des gens 
 dans les petites rues et les allées étroites. 
 Ce tramway public à traction animale est l’œuvre des Frères Suarès, 
auxquels il doit le nom.

La première compagnie de transport public du Caire a été effectivement 
fondée par la famille Suarès,
 les services de la compagnie étaient connus dans la ville sous le nom
d'« Arabat Suarès » ou la voiture de Suarès.

La famille Suarès est arrivée en Egypte de Leghorn au début du XIXe siècle.
 Les frères Isaac et Menahem Suarès della Pegna sont décrits dans 
 le recensement de Montefiore d’Alexandrie en 1840 comme parmi 
 les personnes les plus importantes de la communauté juive.
 Ils étaient impliqués dans les banques et le commerce. 
 Vers 1875, Joseph, Félix et Raphaël Suarès, fils d’Isaac,
 fondent la "Maison de banque Suarès Frères et Cie" 
 au Caire qui se poursuivra jusqu’en 1906, contribuant 
au financement de l’aménagement des terres,
 des chemins de fer et de l’approvisionnement en eau.
 Les fils de Joseph ont fondé la "Banque Commerciale d’Egypte Ltd", 
 tandis que le fils de Félix Léon a servi comme un administrateur de la "Banque Nationale".
 Edgar Suarès, un descendant de Menahem, avait sa propre banque à Alexandrie et 
 son fils Carlo était un auteur bien connu sur la philosophie orientale. 
 Il y avait diverses autres familles Suarès en Egypte, 
qui ne peuvent pas encore être liées à la généalogie principale.
 Une autre branche de Leghorn s’installe à Marseille et c
omprend l’auteur et poète André Suarès (1868-1948).

En janvier 1901,  tout propriétaire d’un véhicule à l’usage public
 (service d’hôtel,d’établissements scolaires ou autres) 
était obligé de présenter son nom, son adresse de domicile et
 le nombre de voitures qu’il possède à l’autorité compétente, afin de pouvoir s’acquérir 
 d’un permis associé à chaque véhicule et portant son nom, moyennant 5 piastres. 
 En vertu de la loi publiée dans le Journal Officiel en 1901, 
 la voiture autorisée devait avoir une bonne charpente et devait être propre.
 L’attelage de chevaux devait être en bonne santé, ne portant aucune blessure ou maladie.

Outre le « Suarès », il existait aussi, vers la seconde moitié du 19e siècle, 
ce que l’on appelait les « Hammara », ce mot est dérivé du terme « homar », 
qui veut dire âne en arabe.
 Les « hammaras » ou les âniers sont les hommes qui conduisent un âne.
 Leur métier était indispensable dans les rues du Caire
 du fait que les ânes étaient le principal moyen de transport du peuple. 
 Près de 1739 âniers exerçaient ce métier, devenu prospère au Caire.

En 1918, de nouvelles lois ont vu le jour. 
Désormais, les voitures roulant dans les rues de la capitale, 
quelle que soit leur force motrice, 
devaient être immatriculées. 
Des nombres sont indiquées à l’arrière du véhicule ou dessinés sur ses phares. 
Des nombres en rouge sont accrochés à l’arrière des véhicules 
qui stationnent dans les espaces publics destinés à cet usage. 
Quant aux véhicules sur demande, ils portaient des nombres en noir.
Les omnibus affichaient leur nombre sur les deux côtés.
 L’âge du conducteur était de 18 ans.
 Il devait avoir une bonne santé et une vue aiguë. 
 Les personnes récidivistes ou condamnées ne pouvaient pas postuler
 à ce métier de chauffeur de véhicule de transport public.

Pour réduire les accidents de la route et les collisions des calèches avec
 les autres types de véhicule hippomobile comme le « Suarès », 
il y avait un jeune garçon qui courait à côte de la voiture pour avertir
, à coup de cri,  les piétons de son passage.

A l’époque comme aujourd’hui, un code de la route régissait le comportement 
des conducteurs des divers moyens de transport : 
calèches, carrosses, « Suarès », omnibus, tramway,
 véhicule à vapeur…etc. Les agents de police veillaient
 jour et nuit à son respect de manière rigoureuse.

En 1896, les habitants du Caire ont reçu avec effroi le fonctionnement du tramway, 
qu’ils ont appelé le « gnome » ou le « génie »,
 tellement son entrée en service était huée.
 Pendant de longues années, les « arbaguiyahs », 
qui sont les cochers qui conduisent les véhicules hippomobiles, 
 lancèrent plein de rumeurs concernant ce nouveau moyen de transport public,
 afin d’empêcher la foule d’y monter, 
 de peur de perdre leur emprise sur le  marché de transport.
 « Le tramway vous rendra stérile », est la plus fameuse des rumeurs !
 En vertu du code de la route en vigueur en 1928, 
seul l’avertisseur type cloche était autorisé dans les véhicules de tous genres.


Merci de vos lectures et vos passages;
à tout soudain ! ! 


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